Composer pour la main gauche… pourquoi ?
Des motivations poétiques, esthétiques, pédagogiques, orthopédiques.
– Offrir un recueil de pièces variées et colorées. Enrichir un répertoire encore trop confidentiel.
– Explorer l’expressivité de la main gauche (plans sonores, articulation, phrasé, sensibilité, qualité du son, présence, jeu délicat de la pédale). Développer une plus grande intimité et une plus grande sensibilité de la main sur le clavier. Approfondir le discours poétique, l’attention aux silences, à chaque son, ardemment désiré.
– Offrir une forme de résilience pour les pianistes momentanément ou définitivement privés de leur main droite.
– Le choix pour le compositeur d’une esthétique « minimaliste », épurée est un stimulant ! Le piano à deux mains est souvent bavard… « too many notes ! » dirait Miles Davis ! Si on peut considérer que le répertoire pour les deux mains sonne comme l’orchestre, celui réduit à une seule main ressemblerait au quatuor ! Une sobriété, une contrainte source de créativité. Pour le compositeur, un espace restreint ou avec des moyens « limités » offre des possibilités illimitées ! Stimulant l’imagination, la contrainte oblige à trouver de nouvelles solutions, à découvrir de nouveaux territoires. L’espace restreint engendre alors un espace nouveau, singulier.
Le choix du titre évoque le manque, l’absence, la solitude, l’attente, le désir…
Une allusion – poétique et dramaturgique – pour stimuler, motiver l’imagination du pianiste.
Donner un sens, une orientation à l’interprétation. Rendre le silence plus dense, les résonances plus intenses. Donner une plus grande ferveur à la main qui reste ! Chaque titre encourage également l’entière subjectivité de l’interprète.
Travailler la main gauche, c’est faire progresser la main droite ! J’ai remarqué que travailler ma main « gauche » chauffait en quelque sorte ma main droite, la rendait plus intelligente, plus habile et expressive. Mystère et magie entre cerveau gauche et cerveau droit…
Pascal Chenu
2021
A4, 36 pages
E.Pa. 0128 / 25.- CHF