Le piano a toujours occupé une place prépondérante dans la vie et dans l’oeuvre d’Emile Jaques-Dalcroze. Excellent pianiste, celui-ci devait faire de son instrument un auxiliaire indispensable, véritable prolongement de sa pensée musicale, notamment dans les domaines de la pédagogie et de l’improvisation. Les Six Danses Bigarrées appartiennent aux dernières années créatrices du compositeur. Ecrites vers 1936-1937 (Jaques-Dalcroze ne datait pour ainsi dire jamais ses manuscrits), elles furent créées pour quatre d'entre elles, à Lausanne au cours d'un concert consacré au compositeur à la Maison du Peuple, le 18 mars 1937.
Elles étaient destinées à être exécutées par la pianiste Nina Chéridjan mais cette dernière, malade, dut être remplacée au pied levé par sa mère, Marcelle Chéridjan-Chavrey, professeur réputé au Conservatoire de Genève. Les Danses bigarrées sont caractéristiques de la musique qu’écrivait Jaques-Dalcroze après 1920 et témoignent à la fois de la virtuosité de son écriture rythmique et de la fraîcheur de son inspiration mélodique. Bien que le recueil dénote une réelle homogénéité, trois pièces sont plus particulièrement réussies: la deuxième, franchement humoristique avec ses déhanchements rythmiques et sa joyeuse fantaisie pleine d'imprévu; la troisième, élégante et raffinée, jouant subtilement avec sa formule mélodique initiale qu’elle présente sous différents vêtements harmoniques et rythmiques; la sixième, enfin, qui surprend par sa rudesse due à la prédominance de mesures à 5/8 lourdement martelées et, dans sa partie médiane, à l’emploi ininterrompu de quintes et de quartes à vide, et qui referme énergiquement ce recueil de Danses bigarrées, témoignage de la vitalité de la plume de Jaques-Dalcroze à plus de soixante-dix ans.

Jacques Tchamkerten, extrait de la préface


1936-1937 / Date d’édition: 1999
Durée: 13 minutes
E.Pa. 0129 / 24.- CHF
Préface de Jacques Tchamkerten